CHAPITRE 3 . DES ÉVÈNEMENTS , LES MARIAGES.


Tous nos ascendants, inscrits dans ce chapitre, sont réunis par couple. Ils ont donné naissance, au moins à un enfant, condition pour être placé sur la ligne inter générationnelle. Ainsi de proche en proche, nous avons constitué une structure, avec vingt-huit mariages identifiés ( Cf. infra, pages 38 et 39 ). Le trio: mère, père, enfant, représente la cellule de base de cette structure. Chacun étant identifié de la même façon que pour son baptême ( Cf. Supra, § 2.5.1. à 2.5.4.)


3. 1. PRÉSENTATION DU MARIAGE.

Pour les six générations concernées ici, on peut écrire que le mariage n'est pas une affaire individuelle, mais l'union de deux familles au sens large, et de leurs relations. Dans nos pays montagneux, les distances et déclivités parcourues à pieds, sont secondaires quand il faut satisfaire ces relations.

Pour l'engagement civil des époux, il s'agit en République Française d'une union librement consentie, remplissant des conditions requises pour fonder un foyer, comme il est inscrit dans la loi.

Pour vingt-six mariages identifiés il y a eu pour ces couples une cérémonie religieuse, c'est à dire un sacrement consistant dans l'échange de consentements en présence d'un représentant de l'Église, le curé où son délégué et de deux témoins.

Les enregistrements des mariages, comme ceux des naissances- baptêmes, ont suivi les fluctuations de l'histoire religieuse et administrative. Les tableaux des sources d'archives en témoigne ( Cf. infra, Annexe A). On voit les sources se succéder en parcourant le temps à partir de la sixième génération. Ce sont d'abord, les documents dressés par les paroisses (Saint André aux Avanchers, Notre-Dame à Celliers, Saint Marcel à Saint Martin de Belleville) puis ceux établis, pour deux d'entre eux, par le Canton de Moutiers en 1796 et 1800 puis, plus récemment, par l' ÉTAT CIVIL de la Mairie des Avanchers.




L'alliance, anneau nuptial symbole du mariage.


Le passage de l'état de célibataire à l'état d'individu marié, suit un cheminement que l'ethnologue Arnold Van Gennep a étudié et appelle "rite de passage". Nous extrayons de son livre "En Savoie du berceau à la tombe " (18) deux coutumes pratiquées aux Avanchers :
Avec la première "l'engagement et demande de fiançailles est le moment où les jeunes gens s'entendent d'abord, sans en parler aux parents, puis les avertissent. Quand la chose est décidée c'est le garçon qui fait la demande".
Avec la seconde "le groupe des garçons du village de la fiancée, joue un rôle d'animation pour le mariage.". On a en mémoire, au village du Fey , vers 1935, pour le mariage de Simone Compagnon, le bruit provoqué par les gros pétards dits "boites" que les garçons de sa génération tiraient à qui mieux mieux. Les détonations produites n'avaient d'autre signification que de faire savoir à tous, l'évènement exceptionnel, comme l'étaient toutes les noces dans le pays.


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3.2. LE MARIAGE AUX AVANCHERS.

Les traditions et coutumes sont encore très présentes aux Avanchers dans le premier quart du XXe siècle. Elles perdent ensuite, insensiblement leurs influences sous les poussées des modes venues des villes , de Paris en particulier. Voici un aperçu de quelques coutumes suivies au début du siècle passé.

3.2.1. La mariée en costume de noce.

Le jour du mariage, la fiancée revêt une robe de cachemire au col de velours surmonté d'une fine dentelle blanche.
Elle place sur ses épaules un châle en soie brochée (dit "motchu" en patois) avec trois plis marqués sur le dos et tenu à l'avant avec des épingles à tête noire. Ce châle reste ouvert à l'avant pour laisser apparaître la collerette de dentelle amidonnée fixée sur le rebord intérieur.
Autour de la taille elle place un tablier également en soie et noue par dessus un large ruban blanc dont les extrémités retombent jusqu'au bas de ce tablier ( j ).
Sur sa poitrine elle accroche un bouquet de fleurs d'oranger ( j ).
Le contraste est très marqué entre l'éclat du châle et les noirceurs de la robe et du tablier.
"La mariée se devait de porter autrefois une coiffe blanche faite d'un bonnet de tulle finement brodé au point de chaînette, avec quelques fleurs repiquées et à l'avant duquel une dentelle amidonnée formait une auréole"[autour du visage](19).



Le costume de la mariée.


La mariée du début du siècle observé, porte une coiffe banche ayant sur le devant et sur les cotés, six rangs de tulle gaufré. Bottines et bas noirs complètent sa tenue.





Coiffe de Zoé Virlaz(7) mariée le 01.08.1896.


En dehors de l'alliance, une croix jeannette et un cœur en or, suspendus au cou par un ruban de velours sont, les bijoux traditionnels.
S'y ajoute une broche, pour fermer le col de la robe.



Bijoux traditionnels, croix et cœur en or, broche.

( j ) Voir page 34. Sur l'illustration ci-dessus, la mariée ne les porte pas, car son costume est approximatif.


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3.2.2. La fête .

Habituellement, des réjouissances accompagnent un mariage. C'est l'occasion pour les familles des époux, leurs amis et leurs voisins de se réunir pour fêter l'évènement. Après les cérémonies laïques et religieuses, tout le monde va au lieu du repas et s'y rend en cortège. L'illustration ci-dessous en donne une bonne représentation pour l'année 1920. Notre cousine Noëlle Simille, m'a fourni, avec cette reproduction l'identification des participants des deux familles. Ce sont, avec le curé Chardon, les "connus" ci-contre. Malheureusement une trentaine demeurent à ce jour des anonymes. Ce cortège est photographie dans la voie principale du chef-lieu où la profondeur de champ a été particulièrement bien choisie pour voir l'ensemble. Il est formé après la cérémonie religieuse à l'église. Conduit par les deux époux, son ordre répond à un protocole s'appuyant sur les degrés de parenté.
Les femme de la noce sont habillées du costume dont celui de la mariée, décrit ci-dessus, est une variante. Les hommes portent un costume sombre et un chapeau plus où moins proche du couvre chef traditionnel.
Après l'arrêt photo, c'est dans les locaux voisins, dits "des sœurs", que tout le monde est invité au repas de noce...
Comme il se doit, réputation des familles oblige, le repas est copieux. Il est d'usage d'y trouver au menu, le plat traditionnel cuit à l'étouffée, le farçon. Avec une part d'exagération, il faudrait parait-il une quarantaine d'ingrédients pour le composer. Parmi ceux-ci : la pomme de terre réduite en purée, du safran, des biscottes trempées dans du lait, de la vanille, des écorces d'orange, du raisin sec, du miel, un peu d'eau de vie, d'eau de fleurs d'oranger, de la cannelle et du sel. ( 20 ). Les autres composants relèvent des secrets mère-fille. Cette originalité culinaire, quelque peu bourrative, est accompagnée de bons morceaux de viande de cochon et d'agneau.
A la messe, le dimanche suivant son mariage, la jeune épouse placera, en principe, son prie-Dieu, dans l'espace des femmes ( le vâ en patois) de sa belle-famille, signe apparent d'une nouvelle vie.
Les hommes sont installés, eux, sur la galerie au premier étage, quand ils assistent à l'office.



Cortège du mariage de Prudent SIMILLE et de tante Amélie ASPORD ( 1920 ).


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Les participants du cortège sont inscrits ci-dessous à partir du repère alphabétique porté sur leur silhouette.

a la mariée Amélie Aspord , épouse Simille.
b un oncle de la mariée Père Pierre Aspord.
c le marié Prudent Simille.
d le curé de la paroisse Jean, Joseph Chardon.
e une sœur de la mariée Estelle Aspord.
f une sœur du marié Thérèse Simille.
g la mère de la mariée Julie, Pernette Mermin, épouse Aspord.
h le père de la mariée Jean, François Aspord.
i une sœur de la mariée Angèle Aspord.
j une tante de la mariée Louise Aspord, épouse Vorger.
k un frère de la mariée Joseph Aspord.
l un frère de la mariée Paul Aspord.

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3.3 DES MARIAGES CHEZ NOS CINQ GÉNÉRATIONS D'ASCENDANTS.


Les mariages des cinq générations de nos ascendants, couvrent une période de cent soixante-cinq ans: le plus ancien en 1759, le plus récent en 1924. Ces mariages constituent une collection d'évènements dont les caractéristiques sont, pour les uns ordinaires, pour d'autres dignes d'être remarquées.


3.3.1. L'implexe

Dans la suite des nombres, le chiffre deux caractérise la progression, deux parents pour un enfant. De ce fait, pour nos cinq générations, nous réunissons ainsi une série d'ascendants d'abord deux, puis quatre, puis huit, puis seize, puis trente deux, soit un total de soixante-deux c'est à dire trente et un mariages. Ces nombres sont théoriques car nous trouvons deux fois, trois unions identiques, comme détaillées ci-contre. Il y a donc en réalité, non pas trente et un mariages mais vingt-huit. Le rapport, dit implexe, entre ces deux nombres, le théorique et le réel, donne ici dix pour cent. C'est à dire que nous avons dix pour cent d'ascendants identiques sur plusieurs lignes inter générations.


A la cinquième génération( Cf. infra page 38):
l'union
César, André Gumery (18) avec Marie, Victoire Bérard (19)
présente également, à la sixième génération ( Cf. infra page 39) sous les repères respectifs 62 et 63.



A la sixième génération( Cf. infra page 39) :
deux unions présentes deux fois:
Esprit Mermin (40 et 44) avec Marie , Marguerite Bouvier (41 et 45)
ainsi que
André Virlaz (42 et 56) avec Marie, Josephte Daigue (43 et 57).


3.3.2.Les ages au mariage.

Le but ici, est de fournir une représentation synthétique de notre collection d'évènements. Le schéma ci-contre donne, par génération, la moyenne arithmétique d'une part pour les femmes, d'autre part pour les hommes. L'age de ces derniers est supérieur à celui des femmes, sauf pour la cinquième génération à cause en particulier des trente et un ans de Marie, Elisabeth Ruchon (17), age maxi record. Chez les hommes c'est à cinquante-huit ans, qu' Antoine Barral (50) est le marié le plus âgé. En 1759, François Rellier (52)à treize ans est lui, le plus jeune.




Moyennes des ages au mariage.


3.3.3.Les mois des mariages.

Nous avons rencontré vingt-huit mariages effectifs mais nous n'avons pas trouvé de date pour deux d'entre eux. Il en reste donc vingt-six, répartis ci-contre d'après leurs mois d'enregistrement (Cf. infra, les deux tables des pages 38 et 39 ).
A remarquer une confirmation de la tradition.
Il n'y en a aucun en Mai, dit mois de Marie.
Le point haut (7) se présente en Juillet, malgré la concurrence de la fenaison, mais au moment de la belle saison.


Répartition des mariages dans l'année.



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3.3.4. Quelques mariages à remarquer.

Ils le sont, par leur nature ou par leur moment.
* Quatre mariages hors paroisse :
Les mariages les plus fréquents unissent des person nes de la même paroisse. Nous notons ci-dessous, quatre exceptions de mariages d'Avancherains avec des femmes "venues d'ailleurs".

Eugène Aspord (08) avec Rosalie, Clémence Gumery (09) de Celliers.
Pierre Ferdinand Virlaz (14) avec Françoise Arnaud (15) de Celliers.
François Virlaz (28) avec Jacqueline Leger (29) de Bellecombe. Pierre, J. Compagnon (24) avec Généreuse Barral (25) de Saint Martin de Belleville.

* Un mariage entre cousins germains :
Celui de J-P Mermin (10) et de Virginie Mermin (11)

* Deux mariages le même jour, le 20 juin 1891 :
Ceux de Joseph, Marie Aspord avec Henriette, Léontine, Séraphine Mermin et de son frère Jean, François Aspord (4) avec Julie Pernette Mermin (5). (Cf. Cah.2, page 38).

3.3.5. Un mariage avec dispense de parenté.

On a reproduit, deux fiches réunissant des informations sur Balthazard Aspord (16) et son épouse Marie , Élisabeth Ruchon ( 17).(Cf. supra, §1.6. page 22 ).
Leur mariage le10 Nov.1825, inscrit aux A.D.T. , précise sous la signature de J.F. Bermond, recteur, qu'il a fait l'objet d'une "dispense de consanguinité, du 3èmeau 4ème degré, à Chambéry le 12 Oct. de la courante année, par Martinet, vicaire général". A l'appui de cette décision sont inscrites pour les deux mariés leur filiation respective notées ci-dessous. Nous citons cette dispense à titre d'exemple car nous en avons rencontré d'autres dans notre recherche, mais ces filiation sont ,elles, les seules trouvées.


Souche Antoine VIBERT

***
1-Anne Vibert-------------------1- Gabriel Vibert
2-Gasparde Reiller------------2- Jeanne Claudine Vibert
3- Anne Muraz------------------3- Marie, Elisabeth Ruchon
4-Balthélémy Aspord

3.3.6.La dot.

Les biens qu'une femme apporte en se mariant c'est la dot. Détaillés chez le notaire, ces biens constituent l'assiette du contrat dotal.
Dans un exemple daté du 13 Oct.. 1741, (Cf. infra, Annexe D ), copié à partir d'archives familiales, le notaire à la page I, rappelle "d'ancienne et louable coutume de tous tems observés en ce pays le dot se constitue au mary de la part de la femme afin que les charges du mariage se puissent par une ayde mutuelle plus facilement suporter" .
Dans les clauses de ce contrat le notaire respecte, d'après les usages, de nombreuses clauses (21) . Dans cet exemple figure en effet :
* la constitution dotale( Cf., pages I et II) soit 90 livres, part ressortie de la dot d'un précédent mariage ( 21.09.1731), et 45 livres, part de l'héritage de la mère, apportée par B Virlaz, cohéritier.
* le troussel ou trousseau de l'épouse ( p. II et III),
* la forme de restitution et
* l'hypothèque de l'ensemble des biens du mari.



Contrat dotal du 13.10.1741.( Page I/III)

Les tableaux des deux pages suivantes, présentent l'essentiel de la recherche de ce chapitre 3. En particulier, ils donnent les ages en années et les lieux en appliquant les codes, objets de l'Annexe C.


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3.4. LES MARIAGES (M), DE LA PREMIÈRE À LA CINQUIÈME GÉNÉRATION.




ABRÉVIATIONS : AMCM = Administrration Municipale du Canton de Moutiers / (c) =calculé / M= Mariage / N = Naissance / ° = Information inaccessible à ce jour.


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3.5. LES MARIAGES (M), DE LA SIXIÈME GÉNÉRATION.




ABRÉVIATIONS : AMCM = Administration Municipale du Canton de Moutiers / ( c) = calculé / B = Baptême / M = Mariage / N= Naissance / ° = Information inaccessibe à ce jour .


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