E. 5. DES TRAVAUX AGRICOLES CONNEXES.
L'agriculture
de montagne que nous venons de décrire, fournit aux habitants, le
principal de leur nourriture que sont les produits laitiers, la viande –
volaille, porc – et les légumes. Nous abordons à
présent, sommairement, avec le vin et le miel, des aliments moins essentiels
mais bien agréables.
E.5.1. Vignerons dans la vallée d'Aigueblanche
Depuis
des siècles, les Avancherains possédaient des parcelles de vigne
à Le Bois et à Aigueblanche. Pour produire leur vin, ils
devaient, tailler en février, labourer au printemps, effeuiller en
été, vendanger à l'automne. Progressivement, ils ont
abandonné cette viticulture dans la première moitié du
siècle passé. Nous avons participé, jeune garçon
à l'une des dernières vendanges. ( Cf. infra Annexe 5, p.52 )
E.5.2.Apiculteurs de montagne.
Les
statistiques agricoles nous renseignent sur cette activité. En 1890,
soixante trois ruches produisent
Jean et son frère Joseph, pendant un temps en
ont commercialisé comme le montre l'étiquette, ci-dessous.
E.6.
DES TRAVAUX AVEC L'ÉNERGIE
HYDRAULIQUE
Le cadastre des Avanchers, lié à
E.6.1. Avec quelques artisans,
scieurs.
Le schéma reproduit ici, donne le principe de
la scierie hydraulique.
Dans les archives, nous relevons que le 21 mai 1858,
une soumission de Mr Rellier Joseph, Marie (fils de feu Antoine) est
présentée pour l'établissement d'une scierie « pour
le service public aux Avanchers » (32).
Enfumoir de
Jean Aspord-4.
Jean produisait
et Joseph commerçait à Paris.
Schéma de principe d'une scierie. La roue hydraulique à
gauche, reçoit l'eau amenée par la
canalisation.
Son axe transmet, par un système de bielle-manivelle, un mouvement
vertical au
cadre
supportant la scie. La bille de bois est solidement fixée sur une table
horizontale.
(30)
ADS / ACA / 190 E dépôt 66.
(31) ADS / Cadastre général de Savoie /
(32) ADS / ACA / 190 E dépôt 65.
-47-
E.6.2.
Avec quelques artisans, meunier.
Pour cette profession, nous trouvons dans les archives,
une demande de Mr. Chardin Benoît du 33 avril 1851qui demande
l'autorisation de construire un moulin. Il fournit le plan dressé par un
géomètre où figure un extrait de la mappe pour situer
l'endroit et une vue sommaire de l'édifice ; les deux reproduits
ci-dessous (33). En 1891, sur un état des personnes exploitant "un
moulin à farine alimentaire", on en relève quatre au
chef-lieu, quatre au Meiller et un à Lancheverne (34).
E.7. TRACES D'AUTRES ARTISANS ET D' ÉMIGRÉS SAISONNIERS.
A
partir d'actes d'État-civil et d'un acte notarié, nous
réunissons des traces d'ancêtres ayant exercé un
métiers artisanal :
E.7.1. Pour les tisserands,
sur
l'acte de décès d'Antoine
Ruchon-34, le 18. 04. 1840, il est
enregistré comme « agriculteur
et tisserand » (35).
E.7.2.
Pour les tanneurs, nous trouvons
une trace de ce métier sur le testament d'Anne Muraz–33, dressé le 15.05.1818, au Fey-Dessus
par le notaire royal Joseph
Compagnon. Il est écrit qu'elle « délaisse à Philibert Aspord, son fils aîné le
champ d'entre ville [ ....et ] une somme d'argent qu'elle lui a
prêtée lorsqu'il s'est approvisionné pour sa profession de tanneur » (35).
E.7.3.
Pour les marchands colporteurs, nous
avons rencontré avec la lignée de nos trois ascendants Mermin, des
représentants des émigrants saisonniers ( Cf.supra D.1.2.1.1.).
E.7.4.
Pour les domestiques, nous
n'avons pas trouvé à ce jour de trace écrite. Par contre
nous nous rappelons de traces matérielles qui existaient sur le buffet
de mémé Zoé-7, au Fey,sous la forme de tasses à
café pleines de dorures et portant le monogramme «N». Elles
avaient été données à une femme de chambre de l'ascendance Compagnon, travaillant au service
d'un personnage proche de Napoléon 1er; la tradition disait
:« le Comte de
E.7.5.
Pour les frotteurs, nous
disposons d'une copie de l'acte de naissance d'Antoine, Léon Compagnon- 12, né le 23.07.1829
à Paris 7ème [ devenu 4ème depuis].
Son
père Pierre, Joseph et les deux témoins, Antoine Virlaz et Innocent
Bouvier-Gazon, sont inscrits comme frotteur
( 35 )
E.7.6.Pour
les ramoneurs, nous rapportons
une partie du registre de l'État-Civil de
Elle concerne [ le frère d'Élisabeth Ruchon-17 ] « Mathias Ruchon ramoneur âgé de 12ans, natif des
Avanchers (Mont-Blanc) décédé l'an mil huit cent onze le
16 du mois de mai ».
Plan annexé à
une demande d'installation de moulin.
«
Les raboteurs de parquet » (
1875 ) de Gustave Caillebotte ( 1848 – 1894 ).
Ils enlèvent
les imperfections sur la surface du parquet. Les frotteurs, eux, les nettoient,
les cirent, les entretiennent.
(33) ADS / ACA / 190 E, dépôt 65 ( 1851
).
(34) ADS / ACA / 190 E dépôt 65 (
1891 ).
(35) Archives familiales.
-48-
E.8.
EN APPENDICE : DES TRAVAUX GÉNÉRÉS PAR
LES LOISIRS.
A partir de 1920, les travaux agricoles traditionnels
des résidants, vont progressivement perdre leur monopole sur le
territoire des Avanchers. Jusqu'au terme de nos observations en 1983, soit une
soixantaine d'années après, de nouvelles activités vont se
développer.
Depuis 1976 ceci s'est amplifié, car la station de Valmorel a apporté
des changements massifs, ( Cf. Cahier N° 3, pages 46, 47, 55 et 56 ).
Sans tenir compte des modifications dans les voiries
d'accès, depuis la vallée de l'Isère, entretenues par tous
les temps, des installations lourdes sont implantées :
● une cinquantaine de résidences,
● plusieurs dizaines de remontées
mécaniques, desservant l'hiver, de nombreuses pistes de ski de tous les niveau de
difficulté ; certaines équipées de canons à neige.
●
un bourg pour regrouper les services.
Tous les travaux que cette station a
nécessité pour sa création et qu'elle impose après
coup pour sa vie courante, ne seront pas détaillés ici , car hors
du domaine de notre recherche.
Par contre, en restant dans les
généralités, nous voyons que le vacancier arrivant
à Valmorel, est assuré de vivre agréablement en montagne,
car hors la météorologie non garantie, toutes les réponses
à ses besoins de consommation touristique sont en place. Il trouvera
dans la station :
● un appartement équipé, ●
des commerces pour les articles de sport (ski, vêtements, etc..) ●
des restaurants ● des commerces d'alimentation ● l' hiver, une
école de ski avec de nombreux
moniteurs, ● l'été, des accompagnateurs de
balade
● un club pour les enfants, ● des boutiques de souvenirs
avec presse et librairie ● un cinéma ● un cabinet médical et une
pharmacie, etc...
Tout un monde, travaille à lui apporter une vie moderne en montagne, en effaçant quelque peu la rugosité du cadre alpin.
Vue de la station de Valmorel,
dominée à droite, par le Grand Niélard.
E.9. CONCLUSION
DE CE CHAPITRE.
Pendant les deux cents ans couverts par notre période de recherche, nous
voyons les Avancherains résidants, pratiquer une variété
de métiers devenus traditionnels. Ils sont tour à tour,
agriculteur, éleveur, bûcheron, vigneron. Certains d'entre eux
sont artisan meunier, scieur de long, tisserand, tanneur.
Ils vivent dans un environnement de croyances
transmises de génération en génération.
D'autres Avancherains ont quitté, plus ou moins
durablement le pays. On les a rencontrés marchand colporteur, domestique
frotteur, ramoneur. Ils ont changé de milieu de vie et de ce fait se
sont, apparemment, éloignés des croyances de leur origine.
Dans le dernier quart du siècle passé;
la création de Valmorel, attire "des gens venus d'ailleurs"
chez qui l'on compte beaucoup de saisonniers. Comme les émigrants
rencontrés précédemment, ces Avancherains d'un moment,
sont isolés, absorbés par leur travail et en conséquence,
éloignés de l'univers transcendant, de ses croyances, du Ciel.
-49-