E. 5. DES TRAVAUX AGRICOLES CONNEXES.

 


 

L'agriculture de montagne que nous venons de décrire, fournit aux habitants, le principal de leur nourriture que sont les produits laitiers, la viande – volaille, porc – et les légumes. Nous abordons à présent, sommairement, avec le vin et le miel, des aliments moins essentiels mais bien agréables.

 

E.5.1. Vignerons dans la vallée d'Aigueblanche

 

 

Depuis des siècles, les Avancherains possédaient des parcelles de vigne à Le Bois et à Aigueblanche. Pour produire leur vin, ils devaient, tailler en février, labourer au printemps, effeuiller en été, vendanger à l'automne. Progressivement, ils ont abandonné cette viticulture dans la première moitié du siècle passé. Nous avons participé, jeune garçon à l'une des dernières vendanges. ( Cf. infra  Annexe 5, p.52 )

 

E.5.2.Apiculteurs de montagne.

 

Les statistiques agricoles nous renseignent sur cette activité. En 1890, soixante trois ruches produisent  180 kg. de miel, une moyenne faible d'environ deux kg , mais l'année 1891 soixante ruches donnent 600 kg., un bon résultat. (30). Notre grand-père Jean était, entre autre, apiculteur. Dans sa maison de Cornet, nous avons trouvé un de ses outils, un enfumoir  dont la photographie figure ci-dessous. Rapporté par la tradition familiale, il utilisait une centrifugeuse nomade qu'il déplaçait chez ses confrères apiculteurs, pour extraire des rayons le miel des ruches. Nous avons le souvenir que, dans les années trente, étaient stockés dans l'arrière pièce chez mémé Julie, des pots de dix et de vingt kilos de miel .Ils nous paraissaient énormes. En septembre, notre père revenait à Paris avec l'un d'eux.. Nous étions familiarisés avec la couleur sombre et le goût particulier de ce miel de montagne.

Jean et son frère Joseph, pendant un temps en ont commercialisé comme le montre l'étiquette, ci-dessous.

 

 

 

 

 

 

Enfumoir

 

 

 

 

 

 

E.6. DES  TRAVAUX  AVEC  L'ÉNERGIE

        HYDRAULIQUE

 

Le cadastre des Avanchers, lié à la Mappe de 1732 (31) identifie cinq engins fonctionnant à l'énergie hydraulique soit trois moulins, un fouloir et un pressoir " alluyle". Ils sont implantés sur une rive du Morel. Des cours d'eau, de certains de ses affluents, approvisionnent des scieries et d'autre moulins.

 

E.6.1. Avec quelques artisans, scieurs.

 

Le schéma reproduit ici, donne le principe de la scierie hydraulique.

Dans les archives, nous relevons que le 21 mai 1858, une soumission de Mr Rellier Joseph, Marie (fils de feu Antoine) est présentée pour l'établissement d'une scierie « pour le service public aux Avanchers » (32).

 

 

Enfumoir de Jean Aspord-4.

 

 

 

 

 

Jean produisait et Joseph commerçait à Paris.

 

 


Schéma de principe d'une scierie. La roue hydraulique à gauche, reçoit l'eau amenée par la

canalisation. Son axe transmet, par un système de bielle-manivelle, un mouvement vertical au

cadre supportant la scie. La bille de bois est solidement fixée sur une table horizontale.

 

 

 

 

(30) ADS / ACA / 190 E dépôt 66.

(31) ADS / Cadastre général de Savoie / 1C 2072.

(32) ADS / ACA / 190 E dépôt 65.

 

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E.6.2. Avec quelques artisans, meunier.

 

Pour cette profession, nous trouvons dans les archives, une demande de Mr. Chardin Benoît du 33 avril 1851qui demande l'autorisation de construire un moulin. Il fournit le plan dressé par un géomètre où figure un extrait de la mappe pour situer l'endroit et une vue sommaire de l'édifice ; les deux reproduits ci-dessous (33). En 1891, sur un état des personnes exploitant "un moulin à farine alimentaire", on en relève quatre au chef-lieu, quatre au Meiller et un à Lancheverne (34).

 

E.7. TRACES  D'AUTRES  ARTISANS  ET D' ÉMIGRÉS   SAISONNIERS.

 

A partir d'actes d'État-civil et d'un acte notarié, nous réunissons des traces d'ancêtres ayant exercé un métiers artisanal :

 

 

E.7.1. Pour les tisserands,

sur l'acte de décès d'Antoine Ruchon-34, le 18. 04. 1840, il est enregistré comme « agriculteur et tisserand » (35).

 

 

E.7.2. Pour les tanneurs, nous trouvons une trace de ce métier sur le testament d'Anne Muraz–33, dressé le 15.05.1818, au Fey-Dessus par le notaire royal  Joseph Compagnon. Il est écrit qu'elle « délaisse à Philibert Aspord, son fils aîné le champ d'entre ville [ ....et ] une somme d'argent qu'elle lui a prêtée lorsqu'il s'est approvisionné pour sa profession de tanneur » (35).   

 

 

E.7.3. Pour les marchands colporteurs, nous avons rencontré avec la lignée de nos trois ascendants Mermin, des représentants des émigrants saisonniers ( Cf.supra D.1.2.1.1.).

E.7.4. Pour les domestiques, nous n'avons pas trouvé à ce jour de trace écrite. Par contre nous nous rappelons de traces matérielles qui existaient sur le buffet de mémé Zoé-7, au Fey,sous la forme de tasses à café pleines de dorures et portant le monogramme «N». Elles avaient été données à une femme de chambre de l'ascendance Compagnon, travaillant au service d'un personnage proche de Napoléon 1er; la tradition disait :« le Comte de la Valette».

 

 

E.7.5. Pour les frotteurs, nous disposons d'une copie de l'acte de naissance d'Antoine, Léon Compagnon- 12, né le 23.07.1829 à Paris 7ème [ devenu 4ème depuis].

Son père Pierre, Joseph et les deux témoins, Antoine Virlaz et Innocent Bouvier-Gazon, sont inscrits comme frotteur ( 35 )

 

 

E.7.6.Pour les ramoneurs, nous rapportons une partie du registre de l'État-Civil de la Ville d'Avignon, Vaucluse (35).

Elle concerne [ le frère d'Élisabeth Ruchon-17 ] « Mathias Ruchon ramoneur  âgé de 12ans, natif des Avanchers (Mont-Blanc) décédé l'an mil huit cent onze le 16 du mois de mai ».

 

 

 


    Plan annexé à une demande d'installation de moulin.

 

 

Les raboteurs de parquet

     « Les raboteurs de parquet  » ( 1875 ) de Gustave Caillebotte ( 1848 – 1894 ).

     Ils enlèvent les imperfections sur la surface du parquet. Les frotteurs, eux, les nettoient, les cirent, les entretiennent.

 

(33) ADS / ACA / 190 E, dépôt 65 ( 1851 ).

(34) ADS / ACA / 190 E dépôt 65 ( 1891 ).

(35) Archives familiales.

 

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E.8. EN  APPENDICE : DES  TRAVAUX  GÉNÉRÉS  PAR  LES  LOISIRS.

 


A partir de 1920, les travaux agricoles traditionnels des résidants, vont progressivement perdre leur monopole sur le territoire des Avanchers. Jusqu'au terme de nos observations en 1983, soit une soixantaine d'années après, de nouvelles activités vont se développer.

Depuis 1976 ceci s'est amplifié, car  la station de Valmorel a apporté des changements massifs, ( Cf. Cahier N° 3, pages 46, 47, 55 et 56 ).

 

Sans tenir compte des modifications dans les voiries d'accès, depuis la vallée de l'Isère, entretenues par tous les temps, des installations lourdes sont implantées :

  une cinquantaine de résidences,

● plusieurs dizaines de remontées mécaniques, desservant l'hiver, de nombreuses  pistes de ski de tous les niveau de difficulté ; certaines équipées de canons à neige.

● un bourg pour regrouper les services.


Tous les travaux que cette station a nécessité pour sa création et qu'elle impose après coup pour sa vie courante, ne seront pas détaillés ici , car hors du domaine de notre recherche.

Par contre, en restant dans les généralités, nous voyons que le vacancier arrivant à Valmorel, est assuré de vivre agréablement en montagne, car hors la météorologie non garantie, toutes les réponses à ses besoins de consommation touristique sont en place. Il trouvera dans la station :

● un appartement équipé, ● des commerces pour les articles de sport (ski, vêtements, etc..) ● des restaurants ● des commerces d'alimentation ● l' hiver, une école de ski avec de nombreux  moniteurs, ● l'été, des accompagnateurs de balade 

● un club pour les enfants,  ● des boutiques de souvenirs avec  presse et  librairie  ● un cinéma  ● un cabinet médical et une pharmacie, etc...

Tout un monde, travaille à lui apporter une vie moderne en montagne, en effaçant quelque peu la rugosité du cadre alpin.


 

 

 

 

Valmorel, dominée à droite, par le Grand Niélard

Vue de la station de Valmorel, dominée à droite, par le Grand Niélard.

 

 

E.9. CONCLUSION DE CE CHAPITRE.

 


Pendant les deux cents ans couverts par  notre période de recherche, nous voyons les Avancherains résidants, pratiquer une variété de métiers devenus traditionnels. Ils sont tour à tour, agriculteur, éleveur, bûcheron, vigneron. Certains d'entre eux sont artisan meunier, scieur de long, tisserand, tanneur.

Ils vivent dans un environnement de croyances transmises de génération en génération.

D'autres Avancherains ont quitté, plus ou moins durablement le pays. On les a rencontrés marchand colporteur, domestique
frotteur, ramoneur. Ils ont changé de milieu de vie et de ce fait se sont, apparemment, éloignés des croyances de leur origine.

Dans le dernier quart du siècle passé; la création de Valmorel, attire "des gens venus d'ailleurs" chez qui l'on compte beaucoup de saisonniers. Comme les émigrants rencontrés précédemment, ces Avancherains d'un moment, sont isolés, absorbés par leur travail et en conséquence, éloignés de l'univers transcendant, de ses croyances, du Ciel.

 

 

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