CHAPITRE F . LA  PAROISSE  SAINT – ANDRÉ.

 

La paroisse Saint- André porte le nom du premier disciple de Jésus-Christ, car l'unique église de la commune lui a été dédiée. Cette paroisse réunit les baptisés vivant sur le territoire des Avanchers et constitue une communauté de base de l'Église catholique, Église avec un grand " E " . Elle représente une subdivision du diocèse de Tarentaise, sur lequel un évêque exerce sa juridiction, et dont le siège est à Moutiers. Historiquement Saint-André existerait, d'après certains documents, depuis la fin du XIIIe siècle. Elle a été la "mère" de la communauté d'habitants devenue ensuite commune. Nous avons signalé au Chapitre B, ses présences matérielles visibles, au chef-lieu avec l'église , et son petit "e", ( page 18 ), à l'intérieur de plusieurs villages, avec une chapelle (page 15) et avec des croix sur des bords de chemin ( page 20 ).

 

 

F.1. REGARDS  SUR  LA  VIE  PAROISSIALE ,  DU  XVIIIè  AU  XXè SIÈCLE.


 

Dans cette partie, nous fixerons notre attention sur, deux cents ans où presque, de la vie de la paroisse en retenant quelques faits principaux. Nous voyons que cette paroisse est atteinte par la Révolution française à partir de 1792 et subit en 1905 les conséquences de la loi de séparation de l'Église et de l'État. A partir de ces grosses épreuves, nous croyons déceler quatre phases dans sa vie : tout d'abord, la tradition avant la Révolution, en second, le chambardement apporté par cette Révolution ensuite, la reprise de la mission pastorale et enfin la sécularisation et le déclin.

 


F.1.1.Vie catholique traditionnelle (1738- 1793).

 

Dans cette phase, comme l'écrit Lucien Chavoutier « la religion pénètre le tissus vivant des communautés villageoises. L'Église, préoccupée de relier à Dieu, l'ensemble des activités humaines a bien réussi cette mission dans une société rurale quasi monolithique à laquelle elle a donné un sens élevé (1).

La paroisse est, depuis longtemps, animée principalement par son curé. Dans ce XVIIIe siècle, quatre d'entre eux prennent rang dans la succession des desservants (2). Ce sont :

 

18°) Hyacinthe ANCENAY de 1736 à 1760,

19°) Théophile VILLIERMIER de 1760 à 1762,

20°) Antoine CHAPELLE de 1762 à 1766 et

21°) Pierre, Alexis MUGNIER de 1767 à 1793.

 

La transcription d'une vente aux enchères des biens meubles du Révérend Vulliermier, donne une certaine idée de la vie matérielle d'un clerc, en montagne, à cette époque ( Cf. infra. annexe 1 ).

 

F.1.2. Le chambardement révolutionnaire ( 1793- 1803 ).

Après l'entrée en Savoie de la République française les fluctuations de la Révolution atteignent notre commune. Nous avons décrit précédemment (3) cette tourmente qui a conduit à la confiscation des biens du clergé et de l'Église. L'application au
département du Mont-Blanc, de la Constitution civile du Clergé date du 8 février 1793 et son Article 25 précise bien que « Tous les ecclésiastiques qui, étant assujettis au serment, ne l'aurait pas prêté dans le délai prescrit ou qui, après l'avoir prêté, l'aurait rétracté seront tenus, sous 8 jours de sortir des limites du District et du Département de leur résidence et, dans la quinzaine hors de la République (4).

Le R.P. P.A. Mugnier, a été dans ce cas, mais parti à la fin de 1793 il est revenu clandestinement aux Avanchers à la fin de 1796. Il y est mort, fin 1799.

Pendant la vacance de la cure ( 93-96), des prêtres  voisins ont baptisé. L'un d'eux, Charles Muraz aurait eu charge de la paroisse jusqu'en 1803 (5).

On a vu, après la confiscation des biens du clergé et de l'Église, leur ascensement en 93 puis leur vente en août 96. Un avancherain a tout acheté pour

6150 livres (6)  Les cloches de l'église Saint-André, elles, ont subi les excès en 94, du représentant en mission Albitte ( Cf. infra; annexe 3 page 46).

 

F.1.3.La paroisse reprend sa mission(1803-1903)

Durant ce siècle, les curés desservants ont été :

22°) Claude BONNET de 1803 à 1818,

23°) Jean-Marie VIBERT de 1818 à 1824,

24°) Jean-François BERMOND de 1824 à 1841,

25°) Jean, Baptiste MARJOLET de 1841 à 1849,

26°) Anselme RUFFIER de 1849 à 1880,

27°) Jean, Baptiste BIOLLET de 1880 à 1887 et

28°) Antoine, Louis COSTERG de 1896 à 1903.

 

 

(1) CHAVOUTIER ( L.) et CHABERT ( L.), 1979, p. 118.

(2) ADT / 7P / Liste des curés des Avanchers de 1278 à 1987.

(3) ASPORD, ( R.), 2003, pages 18 à 22.

(4) DEMICHELIS, ( R.) et LOVIE ( J.), 1969, pages 53 et 54.

(5) Il ne figure pas sur la liste ADT:/ 7 P ci-dessou.

(6) CHAVOUTIER ( L.), 1992, p. 85.

 

 

 

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Le dynamisme humain (7) est peut être lié, en ces temps, à une participation active à la vie de l'Église.

A l'appui de cette hypothèse, citons une note du R.P. Bermond (8). Pour le côté "dynamisme humain", il écrit que pour la reconstruction de la cathédrale St. Pierre de Moutiers, « les Avanchers ont rendu trente pièces de bois, un dimanche après la messe. Cette paroisse a encore fait du Col de la Madeleine à Moutiers le port de 32 milliers d'ardoises. »

Pour le côté "vie de l'Église", il rapporte que « le 19 juillet 1827, avec Mgr. Martinet, il y a plus de 200 personnes confirmées et le 27 mai 1830, avec Mgr. Rochaix, plus de 200 enfants ont été confirmés.»

Après cette période de développement humain, s'engage avec l'émigration, une baisse de la population. Le curé A. Ruffier, évalue à deux cents, les absents en 1844, pour 726 recensés.

Par ailleurs il donne de ses paroissiens en 1880 une image positive lui qui les a pratiqués plus de trente ans. Pour le côté humain, « ils vivent aisés car ils le doivent à leur esprit d'ordre, d'économie et de travail ».

Pour le côté religieux, « les sacrements sont fréquentés régulièrement et [ le prêtre]n'éprouve pas de difficulté[ pour]

avoir des enfants au catéchisme(9) .

Avec le successeur, le curé A. L.Costerg, apparaît le climat de l'époque ou monte la querelle entre les cléricaux et les anticléricaux. Dans un rapport de 1898, il charge l'Union Fraternelle des Avanchers, qui « sans être directement établie pour combattre l'esprit chrétien, elle lui est préjudiciable » (9). S'annoncent ainsi les décisions politiques qui atteindront l'Église en France au début du XXe siècle.

 

F.1.4. La paroisse subit la sécularisation puis

          décline ( 1903- 1984).  

 

Les prêtres desservants ont été :

29°) Jean, Joseph CHARDON de 1903 à 1926,

30°) Jean, Sylvain MOLLIEX de 1926 à 1932,

31°) Alphonse CHARLES de 1932 à 1939,

32°) Joseph GONTHERET de 1945 à 1987.

 

Le début du XXe siècle apporte aux catholiques français des jours bien difficiles :

▪ en 1904, fermeture des écoles religieuses, tenues par les congrégations,

▪ en 1905, loi de séparation de l'Église et de l'État,

▪ en 1906, en Savoie, le Préfet met sous séquestre les biens de l'Église, en particulier la mense des Avanchers ( biens dont le curé était usufruitier ) (10).

▪ en 1907, le Conseil municipal demande à l'unanimité, l'attribution à la commune, du presbytère et l'obtiendra.

Le 22 déc. 1907, la commune passe un bail de location « avec Mr. Chardon Jean, agissant en sa qualité de ministre du culte catholique [.....] pour 3, 6 ou 9 ans pour 40 francs de loyer annuel. L'argumentation est solide :

« Les catholiques pratiquants désirent le maintien du desservant,[ pour les ] services publics rendus par ce dernier. Il y a lieu de lui fournir un logement suivant certaines conditions :

▪ jouissance du presbytère,

▪ à charge pour lui, d'acquitter les contributions de toutes natures qui pèsent sur l'immeuble,

▪ et d'effectuer en temps opportun, toutes les réparations locatives reconnues nécessaires (11).

Les ébranlements successifs, "Révolution" et "anti-cléricalisme", laissent des traces qui, combinées à la déchristianisation des milieux urbains faisant tâche d'huile, tous ces courants atteignent les pratiquants locaux.

A partir de 1945, sur des actes de visites pastorales, un évêque commence à tirer la sonnette d'alarme :

« Malheureusement, une régression très sensible de la foi s'est produite. L'on accomplit encore de multiples gestes chrétiens ; l'âme n'y est peut être pas assez » (12).

Au fil des années les pratiquants se comptent.

 

Père Joseph GONTHERET

 

Nous voyons ici, dans les années quatre-vingt, le Père Joseph GONTHERET, cheminer vers le presbytère.

Il sera le dernier curé résidant.

 

La paroisse Saint- André vit, depuis affaiblie.

 

 

(7)La population atteint son maximum de 878 individus en 1838     ( Cf. supra p. 29).

(8) ADS/3 E/ Bobine 5 Mi  464 /Les Avanchers, Notes historiques.

(9) BERGERI ( J.P.), 2007, pages 15, 17 et 18.

(10) ADT, Série 7 P / dossier 48 / Inventaire, Séparation de l'Église et de l'État.

(11) ADS / ACA / 190 E dépôt 121.

(12) CHABERT( L.), CHAVOUTIER (L.), 1979, p; 119.

 

 

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F.2.LIEUX  ET  OBJETS  LIÉS  AUX  PRATIQUES  RELIGIEUSES.

 

La paroisse a une vocation orientée vers le Ciel. Elle se montre cependant, matériellement sur cette terre de montagne, aux yeux étrangers, avec une église, des chapelles, des croix de chemin et quelques manifestations publiques. Observons à nouveau ces présences concrètes.

 


F.2.1. L'église paroissiale Saint-André.

 

L'église paroissiale, telle qu'elle se montre de nos jours, a été érigée au XVIIe siècle. Sa vocation principale est d'accueillir les personnes de la commune pour participer, en public, à une cérémonie le plus souvent,  la messe du dimanche ou de semaine mais également à un baptême, un mariage, une sépulture.

Nous avons largement utilisé l'image extérieure de ce monument, notoriété de la commune (13).

Pour en atteindre l'intérieur, il faut se présenter sous un porche rustique qui abrite son portail, en-cadré par deux colonnes décoratives supportant une corniche avec, au centre de la frise, l'inscription latine : "COGNOSCO  OVES  MÉAS" (14). Elle domine la clé de voûte, marquée «  JHS. 1677 ».

Après avoir poussé la lourde porte principale puis une porte du vestibule, nous voila à l'intérieur. Nous avons fait sa description précédemment (15). Le retable du maître-autel, dans sont style baroque, est loin de laisser indifférent. Plus positivement, des marques d'attachement à cette église, nous en avons repéré trois au cours de notre recherche.

Pour la première, nous avons le testament de « l'honorable Etiennaz fille de feu André Cornet-Santon femme de Joseph Cavet habitante à St Thomas de Cœur, le 21 Juil-let 1758.[Elle lègue ] la somme de cent livres de Savoie au maître-autel de Saint-André de l'église du dit lieu des Avan-chers, aussi pour les réparations du dit maître-autel (16).

Pour la seconde, ce sont les réparations de 1783 du couvert et des fenêtres de la sacristie ( Cf. infra Annexe 2, pages 31 à 42 ).

Enfin dans les années 1921-1924 c'est le don du

« Rd. Pierre Aspord, missionnaire au Dahomey pendant 17 ans, rentré en France pour rétablir sa santé, actuellement cu-ré de Vacquières dans l'Hérault. Il offre la somme de mille et cinq cents francs pour la décoration du chœur de l'église

( bande de fleurs de lys entrelacées de Croix de Savoie) par le peintre Lancia résident à Aoste ( Italie) » (17). 

 

 

L'église paroissiale Saint-André


               Le Porche.

           « Je connais mes brebis » Jn 10 14

 

 

L'église paroissiale Saint-André

          La Porte.

          « Je suis la porte des brebis » Jn 10 7

 

L'église paroissiale Saint-André

 

             Le retable du Maître-autel,  avec St André, St Pierre, St Paul, ...

 

(13) ASPORD, ( R.), 2003, page 10 et 2005, page 23.

(14)  JE CONNAIS MES BREBIS"; citation extraite de l'Évangile de Saint-Jean( 10,14). Elle nous amène à relire l'épisode du Bon Pasteur et à y retrouver les symboles du berger, des brebis et de la porte, largement utilisés dans l'illustration religieuse. En reprenant ces images, notre église est la bergerie et la porte qui en ouvre l'accès est Jésus-Christ, le Bon Pasteur.

(15) ASPORD, ( R.), 2003, page 28 et 2005, page 24.

(16) ADS / ACA / 190 E dépôt 32. Texte de Sautier, notaire certifié.

(17) ADT / Série 7P / Dossier 48.

 

 

 

 

 

 

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F.2.2. Les chapelles rurales.

 

Chaque village ou presque, dispose d'une chapelle. Au chef-lieu aussi, en plus de l'église paroissiale.

Ces chapelles sont de modestes bâtiments fondés par des villageois. Destinés à l'origine au culte d'un saint, leur usage a suivi la vie des gens du lieu.

 

F.2.2.1. Les chapelles dans leur village.

 

Sur le territoire de la commune, il y a de nos jours sept chapelles. Nous les trouvons citées sur l'acte de la visite pastorale du 27 Mai 1830, de Mgr Antoine Rochaix, évêque de Tarentaise, le Rd. J.F. Bermond étant Recteur (18). La liste ci-dessous donne la succession des chapelles dans l'ordre des villages, positionnés dans la vallée du Morel comme nous les avons présentés pour l'habitat principal

( Cf. supra § B.4.2.). Elle présente :

le Saint titulaire, le lieu de la chapelle suivis

de la date supposée de la création.

 

Saint Joseph (19)..........................................1663

Le Fey-Dessous,

pour les deux Fey, La Grange et Cornet

 

Saint Roch (20)............................................1610

Les Avanchers

pour le chef-lieu et La Verne

 

Saint Aubin.................................................    ?..

La Charmette

 

Sainte Barbe.................................................   ? 

Le Pré

 

Saint Georges...............................................   ? 

Le Meiller

 

Saint Laurent...............................................1687

Quarante-Planes

 

Saint Grat....................................................1726

Lancheverne

 

A titre d'exemple, nous illustrons ci-contre ce paragraphe avec des vues des chapelles Saint Joseph et Saint Roch, la première du village maternel, la seconde du paternel.

 

Chapelle Saint Joseph au Fey-Dessous

 

Chapelle Saint Joseph au Fey-Dessous.

 

 

 

Chapelle Saint Roch aux Chef-lieu Avanchers

 

Chapelle Saint Roch aux Chef-lieu.

 

Ces deux édifices ont une architecture très simple. De petite taille et de forme rectangulaire; une seule marche permet d'accéder à l'intérieur séparant sommairement le domaine profane, de l'espace sacré.

De part et d'autre de la porte d'entrée, une petite ouverture, permet à la lumière d'entrer tout en limitant le froid apporté aux fidèles.

Au dessus de cette porte, au Fey, une niche abrite une statue de Saint Joseph portant l'Enfant Jésus, et au chef-lieu, une fresque représente Saint Roch.

A l'une comme à l'autre de ces façades est scellé un bénitier.

 

(18) ADT/. Série 7P / Dossier des visites pastorales.

(19) EMPRIN( J.M.) Abbé, 1925. «Aux Avanchers, une chapelle érigée en l'honneur de St Joseph, est mentionnée en 1663». 

(20) Aurait été construite après l'épidémie de peste de 1588, qui fit de nombreux victimes en Tarentaise.

 

 

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F.2.2.2. Les chapelles porteuses du culte des Saints.

 

 

    Niche de Saint Joseph portant l'Enfant  Jésus ( au dessus de la    porte d'entrée ).

 


Nous rapportons ici les remarques faites par Antoine Troncy pour les chapelles de la Vallée des Belleville, toute proche de la Vallée du Morel.

« La vénération des Saints est avant tout teintée de pragma-tisme, leur intervention étant généralement liée aux miracles [....]. Les fidèles les invoquent afin d'être protégés contre la maladie, les catastrophes naturelles comme les avalanches, les inondations et pour être protégés contre les aléas climatiques. Le Saint est également un exemple à suivre pour parvenir à vivre en bon chrétien afin de pouvoir se rapprocher de Dieu.[...].Son rôle d'intercesseur auprès de Dieu est donc capital pour les hommes car il a vécu comme eux les affres de l'existence (21).

 

Une fresque au dessus de la  porte d'entrée montre Saint Roch

 


Nous donnons, avec la liste suivante, une mini hagiographie des Saints cités au paragraphe précédent. Nous ne sommes pas en mesure de donner les raisons qui ont présidé, pour chacun, à leur choix : est ce en fonction de leur histoire, de leur pouvoir, de leur renommée ?

Saint Joseph :

époux de Marie, mère de Jésus. Protecteur de Jésus. Il est charpentier à Nazareth , un modèle de professionnel qualifié. Invoqué comme protecteur de la famille.

Saint Roch :

De retour d'un pèlerinage à Rome, il contracte la peste. Il fut guéri miraculeusement. Son culte devint très vite populaire. Il est protecteur de la peste.

Saint Aubin :

Évêque d'Angers en 529, d'origine armoricaine, + 560.

Sainte Barbe :

Vierge et martyre en 529. Elle détournerait l'éclair et protégerait la grange contre l'incendie. C'est la patronne des canonniers, des mineurs, des pompiers, des carriers.

Saint Georges:

Martyre du IVe siècle. Il combat le dragon, image du paganisme. Patron de l'Angleterre depuis le XIIIe siècle

Saint Laurent :

Né vers 210 en Espagne; + 258 à Rome. Martyrisé sur un gril rougi au feu. Diacre de l'Église de Rome.

Saint Grat :

Évêque d'Aoste. Protégerait contre les incendies, les vignobles et les champs contre les taupes et les rats

Saint Guérin :

Évêque de Sion. Protecteur des bestiaux, des troupeaux.

 

Ce Saint n'est pas cité sur la liste de la visite pastorale de 1830, où figure seulement Saint Roch pour le chef-lieu.

On voit ainsi, Saint Guérin, vénéré par nos ancêtres, en plus du Saint titulaire, car ils sont éleveurs de bovins.

Les vénérations évoluent  dans le temps. La peste a perdu, heureusement de son actualité, mais les bovins courent toujours des risques dans les alpages ou dans les villages.

 

 

L'autel est surmonté d'un tableau où les trois personnages principaux sont :

▪ au sommet, dans un nuage, une Vierge mains jointes, sans enfant Jésus, entourée par quatre angelots,

▪ à gauche, Saint Roch montre sa jambe gauche qui porte un bubon de la peste,

▪ à droite, Saint Guérin, évêque, avec à ses pieds, un bovin.

 

   Vue intérieure partielle, de la Chapelle Saint Roch.

Chapelle Saint Roch aux Chef-lieu

 

(21) TRONCY, ( A.), 2000, pages.26 à 34.

 

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F.2.2.3.Les chapelles à l'épreuve du temps.

A l'origine, la fondation d'une chapelle est très vraisemblablement liée, pour certaines d'entre elles du moins, comme l'expression d'un remerciement, pour un bienfait obtenu ou pour l'intervention d'un saint auprès de Dieu. comme l'écrit A. Troncy que nous venons de citer, « Pour subvenir à leurs besoins et à leur entretien, ces chapelles, dont la gestion est à la charge des procureurs nommés par la communauté villageoise, sont généralement dotées de divers revenus issus des produits des champs cultivables ou des pâtures leur appartenant (22).

Dans une étude de Lucien Chavoutier (23), nous voyons qu'une trentaine d'actes dotaient les chapelles des Avanchers d'un capital de 900 livres ( L) chacune, sauf pour Saint Roch ou il est de 350 L et sauf également pour Saint Joseph ou rien n'est indiqué. Avec ces revenus, curé ou vicaire, célèbrent  cinquante-deux  messes dans les chapelles, montrant au passage, une présence effective dans les villages.

Pour leur entretien, nous n'avons pas trouvé de trace de

la façon dont les villageois se répartissaient les tâches. A l'intérieur, un tronc est destiné à recevoir les offrandes en argent ( voir ci-dessous).

Chaque année, une messe est célébrée dans la chapelle, le jour de la fête du Saint, fixé par le calendrier liturgique, par exemple le 19 mars pour Saint Joseph au Fey-Dessous.

Dans le dernier siècle, certaines chapelles ont traversé des périodes d'animations pendant les conflits où on est allé y prier, pour les hommes à la guerre, en disant des chapelets. Elles ont vécu ensuite une période d'abandon en rapport avec la baisse de la population active. Depuis plusieurs décades, au titre du patrimoine, leur gros œuvre est restauré grâce aux subventions communales et départementales. Pour les réfections intérieures (autel, tableau), dans le cas de Saint-Roch, c'est une souscription qui a permis de couvrir les dépenses.

Dans le nouveau siècle et quelques années avant, cette chapelle a abrité des expositions de photos anciennes recueillies par le Comité des Fêtes et choisies chaque année pour montrer des évènements avancherains autour de thèmes religieux (processions, bénédiction de skieurs, élèves des religieuses, etc).

 

F.2.3. Les croix de chemin

Dressées en certains endroits, elles rappellent peut-être, aux marcheurs leur  appartenance chrétienne (Cf. supra. p.14 ). Les jours de fête, elles constituent des points  d'arrêt, pour les processions et les participants  y diront, alors une série de prières. Pour les jours ordinaires, le fait de passer devant une de ces croix, était à une époque le point de départ de gestes, appelés "se signer". Nous l'avons vu pratiqué par les femmes au siècle dernier, puis s'éteindre dans sa seconde moitié. Ceci consiste à tracer sur soi, en se touchant successivement le front, la poitrine et les deux épaules, la croix du Christ exprimant ainsi sa foi aux trois Personnes de la Trinité.

 

 

Zone de Texte: Carnet concernant les comptes de la chapelle Saint Joseph,  
commencé en 1920. 
Tenu  par SANTON  Joseph, Henry 
*
Le Tronc des offrandes.

« ▪ en 1934, le jour de la bénédiction des familles,
en Mars, avons ouvert le tronc des offrandes.
N'y avons vu que quelques sous et n'y avons
pas touché.
▪ Le 10 Mars 1935, ouvert le tronc, trouvé en monnaie ayant cours légal la somme 
de 70,40 Francs, plus quelques gros 
sous italiens [ il ne s'agissait pas, vraisemblablement de malveillance,ces gros sous étaient en service ]
Il y avait aussi de la monnaie blanche 
n'ayant plus cours.
J'ai remis le tout à Mr le Curé, comme il l'avait
proposé en chaire, pour tout le monde
.
▪ Fin du carnet : Remis à Mr le Curé,
 le 16 Avril, 1941,  269,75 Francs ».

*

    Source :  (24)

 

 

 

La Croix du Fey.

La Croix du Fey

 

A la croisée des chemins desservant  le Fey-Dessus  et les Granges d'Aigue.

 

(22) TRONCY, ( A. ), 2000, page 28

(23) CHAVOUTIER, ( L.), 1992, pages 81 et 82.

(24) ADT / Série 7 P / dossier "Divers".

 

 

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